BARACK OBAMA SERA LE PROCHAIN PRESIDENT !!!
Senator Hillary Rodham Clinton will endorse Senator Barack Obama on Saturday, bringing a close to her 17-month campaign for the White House, aides said. Her decision came after Democrats urged her Wednesday to leave the race and allow the party to coalesce around Mr. Obama.
Howard Wolfson, one of Mrs. Clinton’s chief strategists, and other aides said she would express support for Mr. Obama and party unity at an event in Washington that day. One adviser said Mrs. Clinton would concede defeat, congratulate Mr. Obama and proclaim him the party’s nominee, while pledging to do what was needed to assure his victory in November.
Her decision came after a day of conversations with supporters on Capitol Hill about her future now that Mr. Obama had clinched the nomination. Mrs. Clinton had, in a speech after Tuesday night’s primaries, suggested she wanted to wait before deciding about her future, but in conversations Wednesday, her aides said, she was urged to step aside.
“We pledged to support her to the end,” Representative Charles B. Rangel, a New York Democrat who has been a patron of Mrs. Clinton since she first ran for the Senate, said in an interview. “Our problem is not being able to determine when the hell the end is.”
Mrs. Clinton’s decision came as some of her most prominent supporters — including former Vice President Walter F. Mondale — announced they were now backing Mr. Obama. “I was for Hillary — I wasn’t against Obama, who I think is very talented,” Mr. Mondale said. “I’m glad we made a decision and I hope we can unite our party and move forward.”
One of Mrs. Clinton’s aides said they were told that except for her senior advisers, there was no reason to report to work after Friday, and that they were invited to Mrs. Clinton’s house for a farewell celebration. The announcement from Mrs. Clinton was moved to Saturday to accommodate more supporters who wanted to attend, aides said.
“Senator Clinton will be hosting an event in Washington, D.C., to thank her supporters and express her support for Senator Obama and party unity,” Mr. Wolfson said.
Mr. Obama, not waiting for a formal concession from Mrs. Clinton, announced a three-member vice-presidential selection committee that will include Caroline Kennedy, who has become a close personal adviser since endorsing him four months ago.
With some Democrats promoting Mrs. Clinton as Mr. Obama’s No. 2, his aides said they would move slowly in the search, allowing passions from the bruising primary battles to cool.
“Now that the interfamily squabble is done,” Mr. Obama said Wednesday evening at a Manhattan fund-raiser, “all of us can focus on what needs to be done in November.” Earlier Wednesday, Mr. Obama and Mrs. Clinton crossed paths briefly in Washington. As he left the Capitol, Mr. Obama told reporters, “We’re going to have a conversation in the coming weeks.”
Mr. Obama appeared before the American Israel Public Affairs Committee, where, tacking to the right, he described a far tougher series of sanctions he would be willing to impose on Iran than he had outlined heretofore.
Mrs. Clinton, in a later appearance before the group, moved to reassure an audience clearly nervous about Mr. Obama’s views on Israeli security. “I know that Senator Obama will be a good friend to Israel,” she said.
Turning to the general election, Senator John McCain of Arizona, Mr. Obama’s likely opponent, and Mr. Obama both said they were interested in holding a series of debates this summer.
Aides to Mr. Obama and Mrs. Clinton said that at least some of Mrs. Clinton’s fund-raisers would move to join the Obama campaign. Still, with the realization of defeat still settling in, it appeared that most of her major financial backers were holding back until they got a clearer signal from Mrs. Clinton of her intentions.
“I’m being aggressively courted by folks in the Obama campaign,” said Mark Aronchick, a Philadelphia lawyer, who is a national finance co-chairman. “I’ve told them all, ‘Everybody relax. Take a deep breath. There’s time enough here.’ ”
On Thursday, Mr. Obama planned to head to the southwestern tip of Virginia, in Appalachia, to begin courting voters in a state that traditionally goes Republican but could be a battleground in the fall. Then, he intends to take a few days to strategize privately about the general-election campaign.
(Source : The New York Times Magazine)
Le candidat républicain a lancé l'assaut contre son adversaire démocrate avec une nouvelle stratégie qui lui dispute le monopole du «changement».
La mise en scène souffre de la comparaison avec le triomphe fait à Barack Obama. Mais John McCain n'a pas perdu une seconde, mardi soir, pour lancer l'assaut contre son adversaire démocrate fraîchement désigné. Devant quelques centaines de personnes réunies dans une banlieue de La Nouvelle-Orléans, le sénateur de l'Arizona a porté l'affrontement sur le terrain de Barack Obama, le «changement». Une nouvelle stratégie qui lui impose de se démarquer autant que possible du président sortant, George W. Bush.
Le lieu a été choisi pour ses stigmates de l'ouragan Katrina, souvenir d'une mauvaise gestion des secours par l'Administration sortante. Le nouveau slogan de McCain, «un leader dans lequel nous pouvons croire», renvoie directement à celui d'Obama, «un changement dans lequel nous pouvons croire». Les pancartes brandies dans l'assistance ne disent plus «Mac is back», mais «Mac attack».
Le sénateur de 71 ans fait feu de tout bois, commençant par un éloge d'Hillary Clinton qui sonne comme une pique au vainqueur : «Elle mérite plus de reconnaissance qu'elle n'en reçoit.» John McCain tire pourtant une leçon cruciale de son échec : au lieu de mettre en avant son «expérience» comme elle l'a fait, il cherche à établir une distinction entre «le bon changement et le mauvais», ponctuant chaque critique des propositions d'Obama par : « Cela n'est pas un changement dans lequel on peut croire.»
Séduire au centre
Le républicain a promis une campagne sans coups bas, mais cela n'interdit pas les attaques personnelles. «Le sénateur Obama est un homme remarquable, qui fait une forte première impression , dit-il perfidement. Malgré ses promesses et ses belles paroles, il n'a jamais fait le choix difficile de risquer ses propres intérêts pour les vôtres.» Contrairement à son jeune rival, note McCain, «les Américains ne me connaissent pas d'hier. J'ai quelques années de plus et je m'étonne qu'un jeune homme ait adopté autant d'idées qui ont échoué».
McCain s'en prend presque aussi énergiquement à son autre cible, George Bush, sur une vaste gamme de sujets allant de la gestion de la guerre en Irak à la lutte contre le réchauffement climatique, de la politique énergétique aux dépenses publiques. «Le bon changement reconnaît que de nombreuses politiques et institutions ont échoué», dit-il. Il en profite pour mettre en doute la bonne foi d'Obama : «Pourquoi répète-t-il inlassablement que je suis candidat à un troisième mandat de Bush ? Parce qu'il sait combien il est difficile de faire croire aux Américains ce qu'ils savent être faux .» Le démocrate tente de prendre de la hauteur : «J'honore le service de John McCain à la patrie et je respecte ses talents, même s'il dénigre les miens.» Mais il ne lui cède aucun terrain : «S'il y a beaucoup de mots pour décrire sa tentative de faire passer son adoption des politiques de George Bush pour une attitude nouvelle et bipartisane, le changement n'en fait pas partie.» Il martèle : «Ce n'est pas le changement quand McCain soutient Bush au Sénat dans 95 % des cas. Ce n'est pas le changement lorsqu'il propose quatre ans des mêmes politiques économiques, ce n'est pas le changement quand il défend une politique en Irak qui attend tout de nos soldats et rien des politiciens irakiens.»
Le ton de la campagne est donné. Convaincu que les partisans d'Hillary Clinton finiront par revenir dans le giron démocrate, l'entourage d'Obama cultive en priorité un électorat centriste déçu par les huit dernières années. Contrairement à Bush, qui avait surtout cultivé sa base conservatrice, McCain espère lui aussi marquer des points au centre, y compris chez les électeurs catholiques, juifs et hispaniques d'Hillary Clinton. Cela promet cinq mois d'affrontement très direct.
Le jeune sénateur de l'Illinois, apparu il y a à peine trois ans sur la scène nationale, a construit sa victoire comme un savant exercice de stratégie.
Il y avait quelque chose d'un peu raide dans la posture de Barack Obama, en ce matin froid de février 2007, lorsqu'il s'est lancé à la conquête de la Maison-Blanche depuis les marches du capitole de Springfield (Illinois), dans le sillage d'Abraham Lincoln. Que cachaient ce visage grave, ce regard posé sur la ligne d'horizon, cet enthousiasme sautillant, ce discours inspiré dit avec des accents de technocrate ?
Phénomène politique apparu à peine trois ans plus tôt sur la scène nationale américaine, Obama ne faisait pas figure de favori face à l'armada du couple Clinton, puissances tutélaires du Parti démocrate depuis près de vingt ans. La sénatrice de New York partait avec un avantage sur tous les plans : les réseaux, l'argent, l'expérience, la notoriété. Son collègue de l'Illinois avait pour lui des atouts plus fragiles : le charme, la nouveauté, la jeunesse et un air de changement. Seize mois plus tard, alors qu'il terrasse Hillary Clinton au terme de primaires homériques, on s'aperçoit que ces attributs n'ont été que les accessoires de sa victoire, construite comme un savant exercice de stratégie.
La raideur d'Obama sur les marches de Springfield n'était pas défensive, sa prudence dans les débats n'était pas due à un manque d'agilité. C'est plutôt le symptôme d'une ambition inflexible, qui a pu le faire passer pour élitiste, mais lui a permis de traverser les tempêtes sans se renier.
Le sénateur de 46 ans ne s'est pas laissé ballotter au gré des circonstances, il n'a pas plié l'échine sous les attaques aux relents parfois racistes. Il a scrupuleusement respecté un plan de campagne mis au point à l'avance, combinant son message de changement avec une stratégie de terrain qui ne laisse rien au hasard.
En dévoilant ses faiblesses, l'épreuve des primaires a aussi révélé ses forces. «Il a démontré le talent le plus mystérieux et le plus précieux en politique, souligne David Ignatius du New York Times : la grâce sous la pression.»
La victoire de ce challenger doit beaucoup au sang-froid et à la cohésion d'une équipe pourtant jeune et d'expérience inégale. Le principal auteur des discours du candidat n'a que 26 ans. Deux fois plus âgé, son conseiller stratégique, David Axelrod, affiche un palmarès électoral envié. Avec tous, le patron fait preuve d'une qualité d'écoute et d'une équanimité qui impressionnent. «Je ne l'ai entendu hausser le ton que deux fois en quatre ans», raconte à Newsweek l'un de ses compagnons de route.
«Stop the drama»
Le calme et la maîtrise de soi seraient sa façon de rester concentré sur l'objectif. Il avait mis les choses au point dès le départ : «On ne joue pas des coudes et l'on ne distribue pas les blâmes. Nous nous élèverons ou nous chuterons ensemble.» Dans l'avion de campagne, son état-major porte souvent des Tee-shirts «Stop the drama, Vote Obama».
Le candidat a su échapper à l'étiquette de «girouette» qui avait coulé John Kerry en 2004. Quand il a promis de dialoguer directement avec les ennemis de l'Amérique, notamment le régime iranien, les analystes ont crié à l'inexpérience, et Clinton a pris le contre-pied. Pourtant, il ne s'est pas dédit, se contentant d'assurer qu'il y mettrait les formes pour préserver le prestige de la nation.
Lorsque les tirades enflammées de son pasteur Jeremiah Wright ont réveillé les vieux clivages raciaux, il ne s'est pas précipité pour couper les ponts, s'efforçant d'abord d'élever le débat, avant d'entériner la rupture «avec douleur».
Quand Clinton a proposé de dispenser temporairement les Américains de taxes sur l'essence, il n'a pas cédé au populisme d'une mesure considérée par les économistes comme de la poudre aux yeux.
Et quand son patriotisme a été mis en doute, Obama n'a pas accroché illico un pin's de la bannière étoilée à sa boutonnière pour apaiser la vox populi, même si l'insigne y a fait depuis quelques apparitions.
Ainsi, en dépit des accès de fièvre médiatique, l'opinion américaine n'a pratiquement pas varié à son sujet. Beaucoup a été dit sur sa base électorale composée de jeunes, d'Afro-Américains et de «cols blancs» (les couches supérieures de la classe moyenne). Presque par définition, elle ne pourrait s'élargir aux «cols bleus» de l'Amérique ouvrière blanche ralliée à Hillary Clinton ni aux «démocrates reaganiens» qui votent tantôt à gauche sur l'économie, tantôt à droite sur les valeurs. Mais le paradoxe Obama résiste aux anciennes catégories. Classé comme le sénateur le plus «libéral» (à gauche) en 2007, cela ne l'empêche pas de séduire largement les indépendants, réputés au centre de l'échiquier politique.
«Un homme global»
Début mai dans l'Indiana, il a glané 40 % du vote blanc : Clinton n'y devrait sa courte victoire qu'à une campagne républicaine en sa faveur, orchestrée par des commentateurs qui voyaient en elle un adversaire plus facile à battre par John McCain.
Pour le magazine Time, la recette du succès de Barack Obama tient à sa faculté «de représenter des choses différentes pour des gens différents» : un réformateur coopté par l'establishment, un Afro-Américain financé par des libéraux blancs, un membre de l'élite qui s'est pourtant fait tout seul.
À l'heure de l'affrontement final contre McCain, beaucoup d'Américains ne vont pas manquer de s'interroger : qui est vraiment le premier Noir jamais choisi par un grand parti pour le représenter dans la course à la Maison-Blanche ? Vient-il du Kenya, où se trouvent ses racines paternelles ? D'Hawaï, où il est né et où il a grandi ? Du Kansas, berceau de sa famille maternelle blanche ? De Harvard, où il fut le premier président de couleur de la prestigieuse Law Review ? Ses conseillers exaltent «un homme global à l'heure de la globalisation», capable, par la seule vertu de son histoire personnelle atypique, de réconcilier l'Amérique avec le reste du monde.
Mais la réponse politique est sans doute plus simple : le candidat Obama arrive tout droit de Chicago. C'est là qu'il a appris à mettre sur pied une base militante, à s'appuyer sur les intérêts particuliers de ceux qu'il courtise, à conjuguer le travail de terrain avec le parrainage des puissants, à diffuser un message d'espoir tout en rendant coup pour coup. Chicago, connue pour ses mœurs politiques brutales, constitue le creuset où le jeune homme qui se faisait appeler Barry a trouvé son identité.
Il y a débuté modestement dans les années 1980, comme «organisateur communautaire» dans des quartiers déshérités, mais déjà mu par de hautes ambitions politiques. Il y a rencontré sa femme, Michelle, qui contrairement à lui a vécu l'expérience sociale des Noirs dans les ghettos urbains d'Amérique. Il y a choisi une église et un mentor, le révérend Wright, qui lui a certes causé des soucis durant les primaires, mais lui a donné un «enracinement».
Le jeune homme pressé est ainsi devenu une sorte de reflet de Bill Clinton. À l'instar du sudiste blanc adopté par les Noirs déshérités, le métis de l'Illinois est reconnu comme l'un des leurs par les Blancs les plus aisés. Comme le «petit gars de Hope», il prêche le changement contre l'expérience. Comme lui, il promet de transformer la politique à Washington.
L'ironie veut que la victime du stratagème soit l'épouse de l'ancien président. Cette «tête politique» clairvoyante s'est laissé leurrer comme un papillon devant une lampe : pendant qu'elle dénigrait le discours scintillant d'Obama, elle ne voyait pas l'armée des volontaires se soulever à travers le pays. Le jeune sénateur ne l'a pas battue à la télévision ni dans de grands meetings : il l'a écrasée sur le terrain, en levant plus d'argent qu'elle auprès d'un million et demi de sympathisants et en remportant la majorité des caucus, ces comités électoraux qui donnent la prime à l'organisation.
«Renégat»
Barack Obama n'est pas un candidat sans défauts. «Renégat», le nom de code que lui ont choisi ses gardes du corps du Secret Service, en dit long sur le travail de reconnaissance qu'il lui reste à accomplir auprès de la nation. Il compte peu de réalisations concrètes à son actif, aucune loi au Sénat ne porte son nom.
À sa promesse d'un changement radical répond un parcours prudent et calculé, jalonné de compromis avec ses adversaires. Son programme est plutôt centriste, sauf sur l'engagement de rapatrier les troupes d'Irak en seize mois. La révolution politique qu'il annonce, c'est d'abord une réconciliation entre démocrates et républicains modérés, au nom du pragmatisme. Le candidat métis se voit comme un catalyseur : son élection suffirait à faire basculer le pays dans une ère nouvelle, au-delà des clivages sociaux et raciaux actuels ; sa génération rénoverait le système politique ; son visage changerait la perception de l'Amérique à l'étranger.
Mais la conquête de la Maison-Blanche reste un immense défi. S'il parvient à surmonter une méfiance parfois nourrie de racisme, l'élection du 4 novembre devrait se résumer à un choix entre le candidat de l'avenir et celui du passé. S'il reste prisonnier des divisions du pays, il risque d'être battu par plus rassembleur que lui.
La sénatrice démocrate Hillary Clinton va apporter son soutien à Barack Obama en vue de l'élection présidentielle de novembre et appeler à l'unité du Parti démocrate contre le républicain John McCain vendredi 6 juin, a annoncé, mercredi, son équipe de campagne, dans un communiqué. "La sénatrice Clinton organisera vendredi à Washington une réunion au cours de laquelle elle remerciera ses partisans et apportera son soutien au sénateur Barack Obama ainsi qu'à l'unité du parti", indique le texte.
Cette déclaration ne précise pas si Mme Clinton mettra formellement un terme à sa campagne ou suspendra seulement ses activités, mais semble confirmer que l'ex-première dame va renoncer à la Maison Blanche, comme le rapportaient les médias américains mercredi.
Hillary Clinton va organiser, vendredi, une réunion avec ses partisans, lors de laquelle "tout laisse à penser qu'elle va abandonner une bonne fois pour toutes", expliquait ABC News quelques heures avant la diffusion du communiqué. Le New York Times citait, de son côté, un haut conseiller expliquant que les membres démocrates du Congrès avaient exhorté Mme Clinton à renoncer, afin de permettre au parti de s'unir autour de M. Obama.
"CONFIANT SUR L'UNITÉ QU'AFFICHERA LE PARTI"
La sénatrice de New York, qui a rallié près de 18 millions de voix et plus de 1 900 délégués à son nom pendant la campagne pour l'investiture démocrate, avait refusé, mardi, de reconnaître sa défaite, alors que Barack Obama franchissait le seuil de 2 118 délégués nécessaires pour être désigné. Dans un discours devant ses partisans réunis à New York à l'issue des deux dernières primaires dans le Montana et le Dakota du Sud, elle annonçait qu'elle allait consulter les dirigeants démocrates avant de prendre une décision.
Mercredi, elle a passé la majeure partie de la journée avec ses soutiens, dont beaucoup l'ont pressée de mettre un terme à une campagne parmi les plus longues et les plus serrées de l'histoire, et qui a profondément divisé les démocrates.
M. Obama, premier métis à se présenter à la Maison Blanche sous les couleurs d'un des deux grands partis, s'est attaché, dès mercredi, à rassembler son camp. "Nous allons avoir une conversation dans les prochaines semaines, et je suis très confiant sur l'unité qu'affichera le parti pour gagner en novembre", a-t-il déclaré, en référence à Mme Clinton.
Largement favorite des primaires démocrates il y a quelques mois, elle avait fait savoir mardi à des membres démocrates du Congrès qu'elle était "ouverte" à l'idée d'être la colistière de M. Obama, selon certains d'entre eux.
Le candidat démocrate a chargé, mercredi, trois personnes de lui proposer des candidats à la vice-présidence.
Finalement, Obama. «Notre heure est arrivée», a proclamé mardi soir le sénateur de l’Illinois devant une foule surexcitée de 17 000 supporters réunie dans un stade de Saint Paul, dans le Minnesota. Certains portaient des tee-shirts siglés «Nous rêvons encore», représentant en médaillon le sénateur métis aux côtés du leader noir assassiné Martin Luther King.
Parfois la larme à l’œil, la foule avait clairement le sentiment d’assister à un moment historique. Dehors, 15 000 militants qui n’étaient pas parvenus à pénétrer dans l’enceinte, où un drapeau américain géant avait été fiché près du podium, scandaient sans fin le nom de ce phénomène politique qui, enfin, venait de décrocher l’investiture du Parti démocrate.
«Adversaire idéal». Les «superdélégués», que sa rivale Hillary Clinton (lire page 4), avait supplié de ne pas se prononcer jusqu’à la fin des primaires, ont soudain fait pencher la balance en faveur du sénateur. Le président George W. Bush a remarqué, en félicitant le premier «candidat africain-américain», que «les Etats-Unis [avaient] beaucoup changé». Ce que la presse américaine appelle le «phénomène Obama» est passé par là.
«Depuis le début de ma campagne, seize mois se sont écoulés», a d’abord observé le candidat, âgé de 46 ans. Avant de lancer : «Parce que vous avez décidé qu’il devait y avoir un changement à Washington ; parce que vous croyez que cette année doit être différente des autres ; parce que vous avez décidé de ne pas prêter attention à vos doutes ou à vos peurs, mais plutôt d’écouter vos plus grands espoirs et vos aspirations les plus hautes, nous sommes à la fin d’un voyage historique et au début d’un autre qui renouvellera l’Amérique et la rendra meilleure.»
Barack Obama doit désormais amener à lui l’électorat de Hillary Clinton, et affronter le candidat républicain à la présidentielle, le septuagénaire John McCain, qui l’accuse d’être trop jeune et trop naïf pour s’asseoir dans le Bureau ovale. «Par certains côtés, Obama est l’adversaire idéal des républicains», explique un analyste en pointant le fait que le démocrate est un «homme de couleur» coupable du péché d’«élitisme» car diplômé de la prestigieuse université de Harvard.
Rock star. La question est désormais de savoir si le «phénomène Obama», qui a conquis le camp démocrate, peut séduire l’électorat américain dans son ensemble. L’ascension de Barack Obama, né d’un père kenyan et d’une mère blanche du Kansas, a jusqu’alors été impressionnante. Sa popularité auprès des jeunes est comparable à celle d’une rock star qui a remis l’idéalisme à la mode - en dépit du fait que son programme politique n’a rien de vraiment différent de celui de Hillary Clinton. Pour l’essentiel, il veut en finir au plus vite avec la guerre en Irak, envoyer des renforts en Afghanistan et augmenter considérablement le budget militaire, faire payer davantage d’impôts aux riches, abaisser le coût de l’assurance santé, réparer les infrastructures vétustes, investir massivement dans les énergies renouvelables et l’éducation, et négocier directement avec l’Iran.
Le «plus» apporté par Barack Obama est à chercher dans sa personnalité. Ses deux livres (Les Rêves de mon père et L’Audace d’espérer), qui ont beaucoup contribué à le faire connaître auprès des étudiants, lui ont bâti une réputation de sincérité. Maîtrisant parfaitement le verbe dans toutes ses interventions, «il donne l’impression d’un homme qui croit en ce qu’il fait et qui fera ce qu’il dit», juge un étudiant de l’American University à Washington. Après sept années d’une administration Bush caractérisée par la manipulation et le mensonge, c’est un atout incontestable. Obama a d’ailleurs pour principal slogan «le changement».
Nouveau contrat. Nombre de ses partisans disent que s’ils votent pour lui, ce n’est pas simplement en raison de la couleur de sa peau. C’est néanmoins un facteur essentiel du «phénomène Obama». Ne serait-ce que parce que, dans les dernières primaires, pas moins de 95 % des Africains-américains ont voté pour lui. Suite à la controverse qui a éclaté en raison des propos incendiaires du pasteur de son église de Chicago, le révérend Wright, qui stigmatisait «le racisme des Etats-Unis», le candidat démocrate a prononcé, le 18 mars, à Philadelphie, un discours très applaudi sur l’identité raciale et sur la nécessité de surmonter ces divisions. Or, nombre d’électeurs, toutes origines confondues, aspirent à un nouveau contrat social dans une Amérique encore tourmentée par son passé raciste.
«La race n’a pas d’importance», scandaient en janvier en Caroline du Sud les supporteurs d’Obama, qui est perçu comme un homme politique à même de transcender le racisme. Il est parfois surnommé «le messie»et plusieurs peintres américains, tel Ray Noland, le représentent auréolé, le visage christique. Consensuel surtout, Barack Obama prêche que «les Noirs et les Blancs, […] les républicains comme les démocrates, sont tous des Américains».
Un président noir, pensent ses adeptes, bouleversera aussi la donne sur le plan international. «Du jour où il sera élu, promet une militante, le monde changera d’opinion sur les Etats-Unis.» Bob Herbert, éditorialiste du New York Times, s’enthousiasme : «Le rythme de ses discours rappelle Martin Luther King, tandis que son calme évoque celui de John Kennedy.»
Avec une économie américaine qui flanche, le prix de l’essence qui monte, un président sortant qui frôle les records d’impopularité, le camp démocrate paraît avantagé dans la course à la Maison Blanche. Mais Barack Obama n’aura pas la partie facile contre le sénateur de l’Arizona, John McCain. Dans les sondages, les deux hommes sont actuellement au coude-à-coude.